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ROMAIN LE GALL : 1ER INSCRIT À LA SOLITAIRE DU FIGARO PAPREC 2023

Romain Le Gall est le premier a avoir validé officiellement son inscription à la 54e édition. Découvrez l'entretien avec ce jeune marin prometteur de 28 ans qui s'engagera pour la première fois sur la ligne de départ de la Solitaire du Figaro Paprec.



1/ Hello Romain, si je te croise en soirée et je te demande qu’est-ce que tu fais dans la vie ?

Déjà, Salut, moi, c’est Romain Le Gall. Je suis Breton d’origine et en ce moment, je suis ingénieur et skipper en Figaro 3. J’ai grandi en Bretagne, à Sainte Marine, pendant près de 20 ans, où c’est surtout mes parents et mes frères et sœurs qui m’ont transmis un peu la passion de la mer. Beaucoup en croisière au début car on n’a eu plusieurs bateaux, puis un peu en régate. Enfin, en tant que moniteur de voile au Centre Nautique de l’Île Tudy pendant quelques années aussi. C’est donc vraiment là que j’ai pris goût pour la voile. Ensuite, j’ai mis le cap sur Toulouse à la fin de mon lycée pour faire mon école d’ingénieurs, l’INSA. C’est avec cette école que j’ai fait mon stage de fin d’études chez Décathlon à Hendaye, d’abord pour la marque de Surf Olaïan, puis pour la marque de voile Tribord, avec laquelle je suis arrivé à La Rochelle en 2021. C’est d’ailleurs chez Tribord que j’ai rencontré Léo Bothorel, avec qui on a décidé de monter un projet Mini Transat à l’origine.


En créant notre asso qui s’appelle Les Optiministes. L’idée du projet, c’était bien de partir sur 4 ans avec deux mini transat au programme, une en 2021 pour moi et une en 2023 pour Léo. En attendant la livraison du bateau, avec notre Maxi 650, on a fait quelques régates en Open 5.70 et en J80 pour passer le temps. C’est en 2019 qu’on a reçu notre Mini appelé Trompette et qu’on a commencé à naviguer dessus.


Notre première partie de projet est en passe de se terminer puisque j’ai eu la chance de faire la Mini Transat en 2021 et Léo fera la Mini Transat cette année. Pour ma part, j’ai fini 12ème de cette édition qui était très particulière, avec un départ décalé à cause des conditions météo, un arrêt en Espagne, on a croisé des orques, il y avait un volcan, il y avait même des grèves en arrivant au Guadeloupe. Plein de souvenirs, c’était une chouette édition. Mes deux saisons de Mini se sont plutôt bien passées, sur le plan sportif aussi, puisque j’ai fait une petite dizaine de Top 10 sur toutes les courses, trois podiums en 2021 et deux victoires de course en 2022 : la Plastimo Lorient Mini avec Léo justement, et le trophée Marie Agnès Péron à Douarnenez. Ces deux ans de Mini étaient hyper chouette et j’ai eu envie de continuer la course au large. En fait, il y a une sélection qui s’est montée à La Rochelle. Et on a eu la chance d’avoir un bateau qui a été mis à disposition par un mécène, Laurent Givry, pour qu’un rochelais puisse naviguer dessus. Il y a donc une sélection qui s’est remontée avec le Centre Excellence Voile et j’ai eu la chance de décrocher la place sur ce bateau, en tant que skipper, pour au moins un an voire deux, 2023 et 2024. Voilà comment je suis arrivé sur le Figaro grâce au Centre Excellence Voile.


2/ Tu es un bizuth (= première participation) cette année, quelle image as-tu de la Solitaire du Figaro ?

Je dirais exigeant et intense. On n’a pas le droit à l’erreur. La moindre erreur se paye cash sur ces bateaux là, mais c’est ce qui fait que c’est génial parce qu’on apprend des milliards de choses ; et intense parce qu’il faut réussir à rester lucide pendant trois, quatre jours. C’est vraiment du sprint et du demi-fond, mais c’est ce qui est vraiment hyper chouette. J’avais fait plus “du long” sur la Mini Transat et j’avais vraiment pris beaucoup de plaisir dans les courses d’avant saison. C’est vraiment un format que j’apprécie. Donc exigeant, intense et très formateur. Ça va être génial pour apprendre des millions de choses !


3/ Ratio 100 %, entre appréhension et excitation ?

Je dirais 80 % d’excitation et 20 % d’appréhension. J’ai vraiment hâte d’y aller, ça va être trop cool. Trop hâte de découvrir ce nouveau format, que j’avais déjà touché du doigt en Mini, mais qui est quand même différent en Figaro. Ça va être génial, cette Solitaire sur plusieurs jours et en allant dans plusieurs villes en Europe, j’ai trop hâte, !


4/ Dis-nous en plus sur ton projet et tes sponsors ?

Ce projet, il est un peu particulier. Déjà, à la base de la base, notre projet Optiministes, il a été grandement supporté par Tribord, qui est la marque pour laquelle on travaille avec Léo. On est à tous les deux ingénieurs chez Tribord, en plus de notre métier de navigateur. Ils nous ont beaucoup soutenus au début et depuis 2021, notre projet a pris une nouvelle tournure, on s’est associés au Secours Populaire Français de La Rochelle. L’idée, c’est bien de profiter de notre projet pour aussi mettre en lumière cette super asso qui lutte pour un monde plus juste et plus solidaire, qui a plein d’actions dans l’alimentaire, bien sûr, mais aussi dans le droit, dans l’accès aux soins, l’accès aux études, l’accès aux sports, l’accès aux vacances…. En gros, c’est une association qui lutte contre toutes les formes d’exclusion, quelles qu’elles soient. C’était hyper chouette de s’allier, de pouvoir courir sous leurs couleurs depuis 2021. D’abord, ça a été dans le cadre de la campagne “Vacances”. Le but avec le projet Mini, c’était d’offrir des vacances à des gens qui n’ont pas forcément la chance de partir tous les ans. Par conséquent, quand le projet Figaro s’est créé, on s’est dit que pourquoi pas continuer avec eux…et c’est ce qui s’est passé. On repart pour le projet Figaro avec le Secours Populaire 17. Ce projet sera légèrement différent du projet Mini, puisque lui, il visera à faire la promotion de l’accès au sport.


Ils visent à pouvoir financer des licences sportives aux jeunes de la région afin qu’ils puissent découvrir un sport et potentiellement faire naître des passions. Dès le 03 Mai cela va commencer avec des petites journées pour faire découvrir un peu la voile, mais le but, c’est vraiment de faire découvrir tous les sports et de pouvoir financer les licences sportives pour qu’ils puissent découvrir aussi cette magie de l’activité. Moi, qui suis passionné de sport, c’est juste ouf de pouvoir allier ma passion et de pouvoir essayer d’en faire profiter les autres. Ce projet est génial.


Il y a quand même un maillon, le dernier maillon de la chaîne, mais qui est le plus important, c’est le Centre Excellence Voile. C’est lui qui me permet, pendant les deux prochaines années, d’avoir un budget ou du moins une partie de budget car il me reste encore à trouver un tiers. En revanche, il met à disposition le bateau, il me permet de naviguer quand même dans des bonnes conditions. Grâce à Laurent Givry, entre autres, qui met le bateau à disposition, mais aussi à d’autres partenaires, d’autres mécènes.


Le Centre Excellence Voile a vraiment réussi à créer un super projet. Je suis super content et super fier de courir pour eux. Je cherche donc toujours des mécènes pour réussir à financer des licences sportives et essayer de faire naviguer le bateau le plus possible.


5/ : Quel est ton meilleur et ton pire moment en navigation ?

Les meilleurs, il y en a plein. Je prends beaucoup de plaisir en mer. Je compare un peu ça à un grand jeu de société à ciel ouvert. J’adore ça, en fait. C’est un tout, c’est le sport, c’est l’aspect mental, l’aspect nutritionnel. On a un grand jeu, il faut essayer de tirer son épingle avec tous les paramètres qu’on a à notre disposition. Le vent, le courant, clairement je me régale.

Si je devais en retenir un ou deux, le premier serait l’arrivée de la Mini Transat parce que c’est souvent des projets de course en solitaire mais par contre à terre, on est aidé par plein de gens qui gravitent autour du projet. J’ai eu la chance d’avoir des amis et ma famille qui étaient présents à l’arrivée. C’était tellement génial de pouvoir profiter de ces chouettes moments avec eux. En mer, on a souvent des supers moments, mais que l’on garde un peu pour nous puisqu’on est solo, et là, c’était incroyable de partager cette arrivée qui était l’aboutissement de deux ans de travail.

Le second qui est dans un autre domaine, c’était, je pense, pendant ma qualification en Mini. J’en garde un super souvenir de pouvoir passer six jours tout seul sur son petit bateau, apprendre à le connaître et mais aussi en apprendre beaucoup sur soi-même.

Et petite anecdote, j’ai eu la chance de croiser une baleine en Irlande qui a sauté juste devant moi, c’était assez hallucinant. Je n’en revenais pas sur le retour. Je regardais cette vidéo en boucle, je me disais, mais ce n’est pas possible, je n’ai pas pu voir ça. C’était donc un moment magique pendant cette qualif’ qui est en soi déjà un moment hyper intense mais voir en plus une baleine sauter devant moi, c’était incroyable. Cette vidéo est disponible sur Internet. Je la regarde encore souvent.

Le pire moment ? J’en ai eu rarement… Heureusement ! J’ai eu peu de tempêtes, peu de problèmes matériel.

Je croise les doigts, car pour l’instant, j’ai été assez épargné. Cependant il y a un moment qui n’était pas très drôle à vivre, c’est l’arrêt pendant la Mini Transat. Puisqu’avant l’arrêt, je suis dans le groupe de tête, je dois être dans les cinq premiers ; bien dans ma course, bien content de ce que je faisais. J’arrive à bien me placer. On commençait à toucher le vent, du portant, ça commençait vraiment à prendre forme. Mais quand on apprend qu’on doit s’arrêter en Espagne, c’est un peu la douche froide. Sur le coup, je ne me rends pas trop compte de ce qui se passe, mais dans l’affaire, j’ai perdu 20 ou 25 places. C’est vrai que j’ai eu un peu de mal. J’ai l’impression que mentalement, c’était quand même un coup dur et un difficile à gérer, puisque c’est une épreuve qu’on prépare pendant longtemps et que l’aventure se joue sur ce coup du sort. L’aspect sportif était compliqué à gérer mais le reste allait très bien.


6 / Ta chanson inavouable que tu écoutes quand tu es seul au large. Haha ^^ Qu’est-ce qu’il y a comme chanson inavouable ? Je pense qu’une que j’ai beaucoup écouté sur ma qualif’, c’était Sur Ma route de Black M !! Je l’ai écoutée quand j’étais loin des côtes, pour que personne n’entende.




7/ Ton objectif cette année, tes ambitions futures ? Je ne me mets pas trop de pression cette année. Le but, c’est de découvrir ce nouveau bateau. J’ai forcément en coin de ma tête le classement bizuth, parce que je pense que je suis capable de faire quelque chose. Mais le but, c’est bien de découvrir le circuit, d’apprendre encore et toujours. Et c’est ce qui fait que ces projets sont passionnants parce qu’on apprend des millions de choses, non seulement sur l’eau, mais aussi sur nous, sur la gestion de projets, sur la gestion d’une entreprise. C’est incroyable. Donc le principal objectif cette année, continuer d’apprendre et tenter de performer en bizuth.

Et concernant mon avenir, comme dis précédemment, j’adore ce sport. Si je pouvais continuer sur d’autres projets avec forcément des courses comme la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, comme le Vendée Globe ou même des courses sur des multicoques, ça m’attire forcément. C’est quelque chose que j’ai dans un coin de ma tête, mais je reste focus sur ma prochaine année et peut-être celle d’après pour d’abord faire le Figaro, apprendre ce que j’ai à apprendre et ensuite on verra.


9/ Un ancien figariste qui te sert d’exemple aujourd’hui ? Il y en a plein, plein, plein et forcément un qui me vient en tête, c’est Armel Le Cléach’ : Un breton, comme moi, qui a fait la même école que moi, c’est un excellent marin et actuellement skipper en Ultim 32/23. Il a quasiment tout gagné notamment le Vendée Globe et plusieurs fois La Solitaire du Figaro. C’est un homme remarquable, un vrai exemple parce qu’il est capable d’avoir quasiment tout gagné et de revenir encore une fois en Figaro et remporté l’édition en 2020.

C’est sportivement et mentalement, remarquable.


10 / Un dernier mot pour finir sur cette solitaire ? J’ai envie de tout donner, rien regretter. C’est quelque chose qu’on travaille beaucoup en prépa mentale. Je choisis, je ne subis pas. Donc restons optimi(ni)stes et puis tout se passera bien.



Allez, à plus. Salut. 👋🏼





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