J-1 avant le départ de la 56e édition de La Solitaire du Figaro Paprec
- Thomas Campion
- 6 sept.
- 5 min de lecture
Dimanche 7 septembre à 13h00, 34 marins* vont enfin s’élancer, en solitaire, pour une nouvelle édition d’une course haletante où chaque seconde passée en mer sera primordiale pour bien performer. En raison des conditions météorologiques complexes sur la première étape, le parcours 2025 a subi une modification qui fera la part belle à une navigation en Manche. Avec des conditions de vent et de mer variées, ce nouveau tracé de 638 milles promet déjà un suspens de chaque instant. En préambule, les solitaires auront la chance, lors d’un parcours côtier le long des plages et des falaises normandes, de saluer une dernière fois les spectateurs présents.

Après un long convoyage vendredi, depuis Rouen jusqu’au Havre, les 35 marins inscrits sur cette nouvelle édition de La Solitaire du Figaro Paprec et les 7 équipages du Défi Paprec, profitent du soleil pour effectuer les derniers préparatifs sur leur bateau. Entre les visites de contrôle, la mise en conformité, l’avitaillement, les briefings de l’organisation et les différentes sollicitations médiatiques, le temps passe extrêmement vite sur les pontons. Tous ont déjà en tête ce moment où ils devront larguer les amarres, demain à partir de 10h pour rejoindre la zone de course. Mais avant cela, l’analyse de la météo en Manche, la force des courants et les premières projections des meilleures trajectoires sont légion dans les cockpits des Figaro Bénéteau 3.
“ Pour le départ de demain à 13h, nous devrions avoir de belles conditions de navigation au large de la Hève avec un vent de 10 à 15 nœuds de sud. Il y aura ensuite une zone de transition avant de progressivement rencontrer des conditions de vent et de mer de plus en plus fortes. En arrivant vers la Cornouaille, vers Skerries Bank, la première marque à enrouler, nous serons dans la partie Est de la dépression qui touche l’Irlande. Nous allons ensuite, en revenant dans l’est de la zone, nous éloigner petit à petit de ces conditions ” confie Yann Château, Directeur de course.

La Manche à l’honneur
Si le parcours initial privilégiait de longs bords en Manche et en Mer Celtique vers l’Irlande, le nouveau format mis en place par la direction de course et Yann Château, s’oriente bien plus sur de multiples parcours côtiers le long des littoraux anglais et français, des traversées de la Manche et des points de passage à la mesure de la difficulté de cette course. Un premier round qui laissera certainement des traces pour la suite. Avec, dès le début de la semaine prochaine, de forts coefficients de marée, la navigation n’en sera que plus intense et compliquée. Il faudra faire preuve de ténacité et d’opportunisme pour tirer son épingle du jeu.
“ À un jour du départ je me sens très très zen. Bien plus que les années passées. Je n’ai plus cette pression sur le fait d’essayer de remporter la course. C’est un sentiment assez étrange mais très agréable. J’ai quand même beaucoup travaillé cette année pour être vraiment prêt. Je me focalise vraiment sur la course et plus du tout sur mon résultat. J’ai quand même envie de faire le meilleur résultat possible. On verra au fil du temps ce que ça donne mais il est certain qu’il faut prendre cette course avec beaucoup d’humilité. J’ai pu naviguer sur d’autres supports cette année et il y a certains petits détails que j’ai pu observer en Class 40 que j’adapte au Figaro et qui me permettent d’aller un peu plus vite. Je ne dirais pas quoi bien entendu mais c’était très intéressant. On verra ça sur l’eau dès demain”, confie Tom Dolan (Kingspan), vainqueur de l’édition 2024 de La Solitaire du Figaro Paprec.
Préserver les bizuths
L’un des favoris de la course, Alexis Thomas sur Wings of the Ocean a hâte d’y aller et de se confronter à la complexité de ce nouveau parcours. “ On va éviter d'aller dans la mer forte en mer Celtique, ce n’est pas une mauvaise chose pour une première étape. Il y a quand même beaucoup de bizuths sur la course donc c'est important aussi de monter crescendo.
Ça va être des sections de course assez courtes avec pas mal de manœuvres. Nous allons passer plusieurs fois dans le rail, il va y avoir pas mal de cargos à surveiller, pas mal de passages dans du courant fort, notamment au Raz Blanchard.
Ça va être une superbe étape avec à mon avis peu d’écart à l’arrivée. Ce n’est pas ici que la course va se jouer mais on ne sait jamais, La Solitaire peut toujours nous réserver des surprises. Je vais quand même essayer de mettre le plus de distance possible entre mes adversaires et moi”.
Pour Erica Lush (Hope), seule navigatrice américaine de cette Solitaire du Figaro Paprec, son coeur balance entre raison et tristesse de ne pas aller au Fastnet : “ C’est pour moi une certaine déception en tant qu’Américaine de ne pas pouvoir aller au célèbre rocher du Fastnet, c’est quand même un endroit mythique, mais je comprends vraiment la décision de la direction de course de préférer nous préserver. Le parcours en Manche va quand même être incroyablement riche avec toutes ces traversées. Je vais essayer de faire de mon mieux afin d’être satisfaite de ma façon de naviguer, de progresser autant que je peux et de savoir pourquoi je fais des erreurs et pouvoir rectifier le tir la prochaine fois”.
Davy Beaudart sur Hellowork souhaite rendre une belle copie
“ Ce nouveau parcours va privilégier de nombreux bords. Nous allons traverser la Manche en long en large et en travers avec des conditions de mer et de vent plus maniables. J’ai vraiment l’espoir de faire une Solitaire beaucoup plus propre que ma première et de rendre une belle copie. Il va y avoir du jeu dès le début et ce n’est pas pour me déplaire. Ça va être dense en termes d’énergie ”.
Une météo pour tous
Cyrille Duchesne, météorologue chez Météo Consult, donne son analyse sur les conditions très variées que vont rencontrer les marins. “ Les conditions météos vont être très intéressantes avec un beau départ dans un flux de sud modéré d'une dizaine de nœuds. Il y aura ensuite une petite accélération du vent au niveau du Cotentin. Le vent devrait bien souffler avec une vingtaine de nœuds pendant la première nuit. Il devrait ensuite s'orienter un peu plus au sud-ouest. Ça sera une navigation au près.
Il va bien falloir surveiller la partie est de la Manche pour l'atterrissage vers Dieppe car le vent devrait bien mollir en arrivant sur les côtes de la Seine-Maritime. Le jeu devrait de nouveau s’ouvrir dans du vent faible. Certains pourraient bien s’en sortir et d’autres devraient rester scotchés pendant quelques heures. La traversée en milieu de semaine vers l'île de Wight devrait se faire dans du vent de plus en plus fort avec un front à passer. En toute fin d’étape, la navigation sera plus tonique avec un flux d’ouest bien perturbé ”.
Abandon de Thierry Levayer sur la première étape
* Suite à un problème technique survenu lors du convoyage de son bateau entre Rouen et Le Havre, Thierry Levayer, skipper d’Alofi est contraint de renoncer à prendre le départ de la première étape de La Solitaire du Figaro Paprec. Le skipper met tout en œuvre pour rejoindre dans les plus brefs délais, le port de Roscoff afin de rejoindre la course pour la deuxième étape. “ J’ai malheureusement eu un problème avant d’arriver au Havre et j’ai dû gruter le bateau pour effectuer des réparations. Le temps est compté mais j’espère bien pouvoir, dès mercredi prochain, reprendre la mer pour rejoindre la flotte à Roscoff. Les choses s'enchaînent bien et j’espère vraiment pouvoir prendre part à la course ”.
Comment suivre le départ :








