Sous un ciel sans lune et maculé d’étoiles, Tom Dolan continue d’imposer son rythme en tête de la course. Cette deuxième étape de La Solitaire du Figaro Paprec devrait, en toute logique, tomber dans son escarcelle. Dans quelques heures, l’Irlandais devrait apercevoir l’un des plus remarquables amer qu’il soit, le phare de Cordouan, situé à l’embouchure de la Gironde. Derrière cet incontestable leader, Gaston Morvan (Région Bretagne – CMB Performance), toujours handicapé par un pilote automatique récalcitrant, s’est emparé de la deuxième place d’Alexis Thomas (Wings of the Ocean). De son côté, Charlotte Yven (Skipper Macif 2023) résiste et s’accroche à sa quatrième place d’une main de maitre.
Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours et Tom Dolan reste discret sur sa prochaine échéance, le passage de ligne en première position à Royan. Si la route peut encore réserver quelques pièges, l’Irlandais connait la chanson et reste bien concentré sur les derniers milles de course : « La machine nous donne une arrivée dans 5h15 (vacation radio de 06h00) à l’entrée de la Gironde. Le vent de nord-ouest est hyper instable, du coup le vent bouge beaucoup trop. Ça commence à se calmer un peu, mais il y a pas mal de boulot à bord. Je ne me suis pas beaucoup reposé, il faut être sur les réglages tout le temps. Le pilote barre pas mal, en revanche, il ne sait pas encore régler les voiles. J’arrive à mieux régler que lui. Le vent est à peu près calé au 320° pour 14 nœuds, il y a moins de mer. Il faut encore un peu de réglages, d’autant que depuis cette nuit, je vois les deux champions derrière, ça m’a un peu énervé. Ça fait très plaisir de voir le classement. Tant que la ligne d’arrivée n’est pas passée, je ne vais pas en dire plus, mais oui, c’est très bon. Je suis assez en forme, je me sens bien pour ce final ».
À la vacation radio de ce matin, Gaston Morvan, qui a signalé hier avoir perdu l’usage de son pilote, tient le rythme et semble pouvoir, l’espace d’un court instant, l'utiliser à bon escient. Une aubaine pour le skipper, qui lui permet de pouvoir lâcher la barre pour vite sombrer dans un petit sommeil réparateur.
« Je m’accroche comme je peux à tenir le rythme. Ça devient un peu dur en termes de sommeil et d’énergie à bord. Je vois que j’arrive à tenir les places des premiers. Je tente de donner tout l’engagement qu’il faut jusqu’au bout. Il reste une cinquantaine de milles, on va vite voir le bout. La nuit a été longue, le soleil commence à se lever, ça fait du bien. Ça ne se joue pas à grand-chose. Il y avait quelques nuages et donc de l’instabilité, il fallait être concentré sur les réglages. Je pense que je me suis bien débrouillé. On verra bien à Royan. J’ai réussi à mettre un tout petit peu de pilote sans que ça fasse demi-tour, j’ai pu faire une petite sieste ou deux, mais c’est tout juste. Le temps est un peu monotone sur ce long bord. Il n’y a rien eu, pas de changement de voile, pas de manœuvres, hâte de voir la fin du bord, mais nous ne savons pas comment va se dérouler la toute fin de la course. La bonne nouvelle, c’est que nous faisons la course jusqu’au bout du parcours. Ça veut certainement dire qu’il y a du vent, sinon ça aurait été raccourci. Le fait d’avoir réussi à doubler Wings of the Ocean (Alexis Thomas) ça fait du bien. Nous étions bord à bord depuis pas mal d’heures. Ce coup-ci, c’est pour moi. On va arriver avec le courant, les écarts devraient se réduire, mais on verra bien. J’ai réussi à récupérer le signal de Tom Dolan, il n’est pas très loin devant, c’est plutôt cool ».
Pour Charlotte Yven (Skipper Macif 2023), ce dernier run vers l’embouchure de la Gironde et Royan, résonne comme une délivrance. Solidement accrochée à sa quatrième place depuis maintenant 48 h, la bagarre qu’elle mène face à Hugo Dhalenne (YCSL - Primatice - SLB Pharma) et Martin Le Pape (DEMAIN) est remarquable : « Cela se passe plutôt bien. J’ai vu du monde réapparaître à l’AIS en me rapprochant de ceux de devant. Je suis contente de cela. Il y aura donc un peu moins d’écart à la fin. Un long bord comme cela des heures et des heures, n’est pas évident. Un peu long et monotone. Mais à la fois, il faut que le bateau aille le plus vite possible et être tout le temps sur les écoutes. Les autres ne vont pas t’attendre. Il faut réussir aussi à jongler entre aller se reposer et trouver les bons réglages. Tout ça reste intéressant. Les conditions se sont bien calmées, car nous avons eu une grosse au début de la retraversée du golfe. Ce n’était pas agréable. Là, c’est plutôt chouette. Il y a 10-12 nœuds de vent et le ciel est bien dégagé et on voit bien les étoiles. Sans lune, il n’y a pas de lumière, mais c’est sympa. Ça va nickel, j’ai hâte d’arriver avec ce bâbord interminable et de voir le dénouement de cette course. Je suis bien contente de moi. D’avoir réussi à tenir ma position et ma vitesse par rapport aux voisins qui sont rapides habituellement. Quoi qu’il arrive, je serai contente de ma course. Maintenant, je vais me battre pour gratter des petites minutes et des petites places et voir ce que cela va donner. »
Tom Goron (NAVALEO), premier bizuth, est actuellement en onzième position à 31,9 milles de la tête, sous le vent du deuxième groupe composé d’Élodie Bonnafous (QUEGUINER – La Vie en Rose), Alexis Loison (GROUPE REEL), Victor Le Pape (Région Bretagne – CMB Espoir), Basile Bourgnon (Edenred), Pep Costa (VSF Sports), Arno Biston (Tizh Mor) et Quentin Vlamynck (Les Étoiles Filantes).
En arrière de la flotte, Thierry Levayer (ALOFI Sailing) et Anthony Quentin (JPS Controle) naviguent désormais à plus de 100 milles de Tom Dolan.
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