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Anaëlle Pattusch (NEMO), une première étape au bout de l’effort



Après avoir perdu l’usage de son pilote automatique à la fin du parcours côtier de la première étape de La Solitaire du Figaro Paprec, Anaëlle Pattusch (NEMO) a réalisé l’incroyable exploit de rallier Gijón en Espagne, à la seule force de son mental. Elle aura parcouru les 615 milles du parcours en 4 jours, 2 heures, 33 minutes et 25 secondes, ne lâchant pratiquement jamais la barre. Une incroyable épopée pour cette jeune femme de 21 ans qui a fait ses armes sur les lacs en Suisse. Anaëlle participe à sa première à sa première Solitaire du Figaro Paprec.



« Je pense que j’ai réussi à faire cette course grâce à mon mental. J’ai réalisé que mon pilote était tombé en panne à la fin du parcours inshore, un peu plus d’une heure après le départ de la course. Il m’était alors impossible de revenir au port. Je me suis dit que le système allait repartir, mais non, il n’a jamais voulu redémarrer. À ce moment-là, je n’ai pu compter que sur mon mental. J’ai eu la chance de faire mes armes sur des Surprise sur les lacs en Suisse et comme nous n’avions pas de pilote, nous utilisions beaucoup un système avec des sandows et des bouts. J’ai essayé de refaire la même chose. Ça a pas mal fonctionné au près, mais au portant c’était une autre histoire. Je suis assez déçue, car j’aurais pu faire mieux, mais je crois que le manque de lucidité m’a tout de même joué des tours. Je ne faisais que m’endormir à la barre. J’aurais dû, dès le départ, sortir à manger et à boire, mais je n’y ai pas pensé. Je n’ai mangé que deux plats, un paquet de biscuits et j’ai dû boire une gourde d’eau, c’est tout.

J’ai commencé à avoir des hallucinations, mais les premières étaient auditives. J’avais l’impression d’avoir des coffres de voitures qui se refermaient autour de moi. Il y a ensuite eu quelques hallucinations visuelles. Je voyais des bouées qui n’avaient rien à faire ici ,qui passaient à côté du bateau.

J’avoue qu’au tout début de cette première étape, ça a été vraiment compliqué psychologiquement. Je me suis donnée tellement à fond pour être sur la ligne de départ, pour monter ce projet, qu’émotionnellement ça m’a fait un sacré coup. Je pense avoir passé toute la première journée à pleurer. J’étais super mal, mais j’ai réussi à me rebooster pour la suite en me disant que ce que nous faisions était vraiment incroyable. Que j’avais beaucoup de chance de pouvoir vivre ça. À partir de ce moment-là, je suis entrée dans une autre phase, celle du plaisir. Je me suis alors donné à fond. Je voulais impérativement arriver en Espagne.

J’ai réussi à me recentrer quand il le fallait, surtout lorsque les conditions étaient très difficiles. Entre la peur, les doutes, je crois que toute la palette des émotions y est passée. On m'avait prévenu que c'était quelque chose de très grand émotionnellement. La seule grosse erreur que je fais est de piquer à l’ouest. Ce n’était clairement pas le bon choix.

Mon meilleur moment a clairement été l’arrivée à Gijón. Les marins sont tous venus me voir pour me féliciter. C’est ce que j’aime aussi dans la course au large. Même si nous sommes des compétiteurs sur l’eau, à terre il y a une véritable entraide, c’est très appréciable ».


En ne s’accordant que quelques toutes petites pauses, sur 4 jours de mer, Anaëlle a réussi une prestation unique. Elle accuse à Gijón un retard de 4 heures et 17 minutes. 

 

 

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